Une allergie au froid… c’est possible?

L’allergie au froid, ça existe?

Eh oui! Et l’on estime qu’une personne sur 2 000 en serait affectée, soit 0,05 % de la population. Mais attention… On ne parle pas ici de l’apparition de boutons ou de plaques rouges sur les joues après être allé jouer dehors. Il s’agit plutôt d’une réponse exagérée du système immunitaire comparable à celles d’une réaction allergique, par exemple à un aliment. Et comme pour l’allergie alimentaire, elle peut parfois mener à l’anaphylaxie.

Les symptômes caractéristiques

Aussi appelé urticaire au froid, ce type d’allergie se manifeste généralement par l’apparition d’une urticaire (rougeur, enflure, démangeaison de la peau), le plus souvent localisée au point de contact avec le froid. Dans certains cas, par exemple lors d’une baignade dans une eau fraîche en été, l’allergie au froid peut se manifester par des symptômes systémiques tels que la chute de la pression artérielle, la perte de conscience et même l’anaphylaxie.

Le froid et les changements brusques de température sont les principaux facteurs déclencheurs de ce type d’allergie. Ainsi, le simple fait de boire un breuvage glacé, d’être exposé à un air ambiant trop frais, ou encore de tenir dans la main un objet froid peut suffire à déclencher une urticaire. Vous imaginez donc le défi auquel est confrontée la personne aux prises avec ce type d’allergie en hiver…

Les causes de l’allergie au froid

On connaît les symptômes et les facteurs déclencheurs de l’allergie au froid, mais on en sait encore bien peu sur les causes et les mécanismes impliqués dans son développement. À l’heure actuelle, on a pu classer l’allergie au froid en deux grandes catégories.

  • Urticaire au froid de type familial. Il est à l’origine d’environ 10 % des cas d’allergie au froid, et il se transmet d’une génération à l’autre dans une même famille. On croit que ce type d’urticaire serait causé par un ou des gènes défectueux.
  • Urticaire au froid acquis. Il représente 90 % des cas. Il peut être soit primaire, lorsque la cause de son développement est inconnue, soit secondaire, lorsque l’on peut identifier la cause sous-jacente de l’allergie (ex. : infection virale, maladie auto-immune, etc.).

Qui en est atteint?

L’urticaire au froid affecterait deux fois plus de femmes que d’hommes. Et bien que ce type d’allergie puisse se manifester à tous les âges, on l’observe plus fréquemment chez les jeunes. De plus, on a observé la présence d’atopie chez près de 50 % des personnes affectées. On se rappellera que l’atopie réfère à la susceptibilité et la prédisposition d’un individu à développer des signes cliniques lors du contact avec des allergènes généralement inoffensifs. L’asthme et l’eczéma sont des exemples d’atopie et constituent par le fait même des facteurs de risque au développement d’allergies, dont l’urticaire au froid.

Et la place du système immunitaire dans tout cela?

Les mécanismes immunologiques impliqués dans l’allergie au froid sont semblables à ceux que l’on peut observer lors d’une réaction allergique. Les recherches sur le sujet ont en effet montré que, chez les personnes atteintes, les cellules exposées au froid relâchent de l’histamine et d’autres médiateurs chimiques à l’origine de l’inflammation et de l’urticaire caractéristiques de cette allergie. De plus, les chercheurs ont rapporté des taux élevés d’IgE dans près de 70 % des cas d’urticaire au froid.

La prise en charge

La première chose à faire si l’on croit présenter les signes d’une allergie au froid, est d’obtenir un diagnostic médical. Pour ce faire, les médecins utilisent un test de provocation : on applique de la glace sur la peau et on observe les effets. Le diagnostic est établi si une urticaire apparaît au point de contact de la peau avec la glace. Il est cependant important de noter que le test de provocation s’avérera négatif dans environ 20 % des cas d’allergie au froid. L’historique des symptômes du patient est alors très important pour établir le diagnostic.

Une étape importante de la prise en charge d’un patient allergique au froid est l’éducation. Ce patient devra être informé notamment des facteurs déclencheurs de l’urticaire, mais aussi des moyens qu’il peut utiliser pour prévenir une réaction. Ces derniers peuvent varier d’une personne à l’autre. Une prise en charge personnalisée est donc primordiale, tout comme dans le cas des allergies alimentaires. La personne allergique au froid pourrait devoir, par exemple, éviter de consommer des boissons glacées, s’abstenir de plonger dans une piscine ou dans un lac, ou encore éviter le contact direct avec des objets froids. En fonction de la gravité des symptômes, le médecin pourrait également lui prescrire des antihistaminiques. Ces médicaments peuvent s’avérer efficaces pour prévenir la survenue des réactions allergiques au froid ou encore pour diminuer l’intensité des symptômes. Finalement, dans les cas plus sévères, on pourrait prescrire un auto-injecteur d’épinéphrine.

Sur une note plus positive, sachez que, dans la plupart des cas, l’intensité des symptômes liés à l’allergie au froid diminue avec le temps. L’allergie disparaît même souvent au bout de quelques années. Alors en attendant le redoux du printemps, habillez-vous chaudement de la tête aux pieds si vous devez sortir, et profitez de la chaleur de votre foyer!

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